L’histaminose, ou intolérance à l’histamine, fait suite à un dysfonctionnement lié à l’histamine.
Elle peut être isolée ou alors intégrée dans un syndrome d’activation mastocytaire ou une mastocytose.
Quel processus intervient dans une histaminose ?
Quelles en sont les causes ?
Et cela peut-il être génétique ?
Histaminose, une affection récente
C’est en 1919 que 2 chercheurs, Dale et Laidlaw, publièrent dans le « Journal of Physiology » leurs conclusions sur le lien entre choc anaphylactique et histamine.
Ensuite, les premières études traitant du sujet de l’histaminose datent de 1987, ce qui est récent pour l’histoire de la médecine.
On estime qu’environ 1% de la population serait atteinte. Mais du fait de sa méconnaissance par le corps médical, elle est probablement très largement sous-diagnostiquée.
À part si elle a une cause génétique, l’histaminose n’est pas considérée comme une maladie chronique car elle peut être réversible, c’est-à-dire disparaître dans le temps (si elle est seule, non associée à un SAMA ou à une mastocytose).
Quel dysfonctionnement entraîne une histaminose ?
Dans l’article sur l’histamine, nous avons évoqué le rôle important de l’histamine pour notre corps et pourquoi il est primordial qu’elle soit présente en quantité raisonnable.
Nous avons vu aussi que si un dérèglement ou une anomalie apparaît dans la chaîne « mastocytes -> histamine -> dégradation », alors il faut s’attendre à une réaction anormale type inflammation.
En effet, si notre corps produit ou reçoit une trop grande quantité d’histamine et/ou qu’elle est mal dégradée, elle s’accumule dans l’organisme et rejoint le système sanguin. Elle stimule alors les sécrétions gastriques et exerce des effets inhibiteurs ou stimulants sur le système nerveux central.
Suivant les récepteurs activés (H1, H2, H3 ou H4), cela entraîne alors une inflammation qui donne les symptômes d’allergie correspondant à chaque type de récepteurs : nez qui coule, eczéma/urticaire, gorge gonflée, problèmes digestifs, insomnie, brouillard mental,…
Pour une liste plus complète, vous pouvez consulter l’article sur les symptômes.
Causes d’une histaminose
Comme déjà dit, chez une personne en santé normale, la production d’histamine est contrebalancée par les enzymes qui la détruisent (diamine oxydase et histamine-N-méthyl-transférase).
L’intolérance est alors provoquée quand il y a un déséquilibre chronique entre la quantité d’histamine relâchée et une insuffisante dégradation de celle-ci.
Cela peut provenir de diverses causes. Chez une personne, il peut y avoir une seule cause ou plusieurs à la fois.
Intoxication à l’histamine
Une intoxication survient sans qu’il y ait nécessairement un dysfonctionnement dans le processus de dégradation.
Le problème n’est pas posé par la toxicité de l’histamine en elle-même mais par une concentration excessive à un instant T d’histamine dans un aliment.
Les intoxications histaminiques sont de plus en plus fréquentes et surviennent dans 90% des cas à la suite de la consommation de poissons, en particulier de thon et de maquereaux.
La trop forte teneur en histamine (inhabituelle) de ces aliments est souvent due à une température de stockage trop élevée ou au non-respect de la chaîne du froid.
Dégranulation anormale des mastocytes
Dans l’article sur la dégranulation mastocytaire, nous avons vu qu’en cas d’« attaque » et pour se défendre, les mastocytes libèrent des substances incluant l’histamine.
Un dérèglement pathologique dans cette dégranulation mastocytaire aboutit à une libération excessive d’histamine.
C’est le cas notamment dans les mastocytoses et le SAMA.
Dégradation insuffisante de l’histamine
Dans l’article sur la diamine oxydase (ou DAO), nous avons vu que celle-ci est une enzyme permettant la dégradation de l’histamine.
L’histamine peut en effet être mal dégradée. Plusieurs causes sont possibles :
– un déficit dans la production de la DAO (génétique ou pas).
– une activité normale de la DAO mais qui est inhibée par d’autres influenceurs qu’on appelle « inhibiteurs de DAO ». On cite notamment :
certains aliments (alcools, thé noir/vert, boissons énergisantes, ..) ou certains médicaments (anesthésiants, relaxants musculaires, antibiotiques, antalgiques, antidépresseurs, bêta-bloquants).
– des pathologies ayant altéré la muqueuse intestinale ou ayant entraîné une colonisation défectueuse de l’intestin : gastroentérite, chirurgie digestive, maladie de cœliaque, syndrome de l’intestin irritable, SIBO, candidose,…
Apport excessif en histamine
Cet apport peut provenir de différentes sources, qu’on appelle « histaminolibératrices » :
– certains aliments (ex : fromages à pâtes dures, fruits de mer, charcuterie séchée, noix, agrumes, algues, …).
Notons aussi que l’ingestion de ces aliments peut provoquer, chez certaines personnes, une hausse de la glycémie. Cela peut expliquer, 1h à 3h après l’ingestion, les gros « coups de pompe », la faim intense, les vertiges, les malaises ou les étourdissements.
– certains médicaments : antalgiques (ex : morphine), antibiotiques (ex : vancomycine, ciprofloxacine, …), produits de contrastes iodées, décontractants musculaires, …
– des toxines apportées par les venins d’hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis, frelons) et de chenilles processionnaires.
À noter qu’un médicament ou un aliment peut être à la fois histaminolibérateur, riche en histamine et/ou inhibiteur de DAO.
Vidéo de présentation de l’histaminose
Découvrez la vidéo de Martine HOARAU et Maud GABRIEL, toutes deux naturopathes.
Elles posent les bases de l’histaminose avec les symptômes, les éléments de tests, etc.
Très intéressant à écouter, notamment pour les novices de ce trouble.
Diagnostic et traitement d’une histaminose
Pour le diagnostic, je vous invite à lire l’article « Diagnostic : comment comprendre le casse-tête ? ».
Et pour le traitement, voici l’article : « Traitements : la boîte à outils pour se soigner ».
Dans le kit sur l’alimentation sans histamine, retrouvez les meilleures informations pour bien comprendre et gérer votre alimentation sans histamine.
Et comment ça commence ?
Et oui, c’est vrai ça.
D’où provient donc cette histaminose ?
Prédisposition génétique
Des hypothèses médicales suggèrent que l’intolérance à l’histamine et/ou le déficit en DAO, chez certaines personnes, pourraient être issus de prédispositions génétiques.
Des tests génétiques existent : ils sont intéressants à faire lorsqu’il y a une constatation des symptômes depuis la petite enfance ou si plusieurs membres d’une même famille sont touchés.
En soi, ces tests ne présentent pas une aide aux traitements, mais permettent éventuellement d’« alerter » la génération suivante d’un risque possible de transmission.
Dans ce cas, on parle d’intolérance primaire à l’histamine.
Au cours de la vie
La recherche a encore à faire sur cette idée. Certains points sont clairs, d’autres moins.
Cette intolérance peut apparaître au cours de la vie, parfois doucement sans qu’on y prête attention ou parfois d’un coup.
Elle va souvent de pair avec les maladies mastocytaires. Une très grande majorité des patients atteints se retrouvent avec des intolérances aux aliments avec histamine et/ou avec un dysfonctionnement dans sa production/dégradation.
Mais on constate aussi, parmi les malades, des histaminoses se déclarant :
– après des infections virales : mononucléose, infection par le Covid (ou après le vaccin), ….
– suite à des problèmes de l’intestin (SIBO, SII, candidose, …),
– suite à d’autres événements de la vie comme un gros stress.
Dans ce cas, on parle d’intolérance secondaire à l’histamine.
Aliments
Dans la liste SIGHI des aliments sans histamine, vous pouvez voir :
– avec un « H » : les aliments riches en histamine
– avec un « L » : les aliments histaminolibérateurs
– avec un « B » : les aliments inhibiteurs de DAO
Médicaments
Une liste partielle des médicaments libérateurs d’histamine ou inhibiteurs de DAO sont consultables via l’association SIGHI ou dans la thèse de Grégoire Sauteraud sur l’histaminose (p.174).
La liste complète des médicaments à proscrire en cas d’histaminose est disponible dans le rapport en anglais « Medication for Systemic Mast Cell Activation Disorders » de Heinz Lamprecht, en pages 90-91-120-121-122-123.
Pour obtenir ce rapport, il faut adhérer à l’association SIGHI.
A lire aussi…
– Les 15 facteurs déclencheurs de symptômes
– Symptômes : la liste complète
– Diagnostic : comment comprendre le casse-tête ?
– Traitements : la boîte à outils pour se soigner
Et pour mieux comprendre les mécanismes en jeu :
– Histamine : son rôle clé dans notre corps
– Dégranulation mastocytaire… tout pour vous plaire !
– La diamine oxydase (DAO) : son rôle d’agent dégradant
– National Library of Medicine : « Histamine Intolerance: The Current State of the Art »
– National Library of Medicine : « Histamine pharmacology: from Sir Henry Dale to the 21st century »
– Thèse « Histaminose » de Grégoire Sauteraud, 2021, Université de Rouen
– Centre d’allergie suisse : « Intolérance à l‘histamine »
– PhamacoMadicale : « Anti-histaminiques H1 »
– Médecins francophones du Canada : « Tout savoir sur l’intolérance à l’histamine »
– Formation « How I solved my histamine intolerance », Anita Tee, Nutritionniste
– La Nutrition Santé : « Le SIBO, Partie 4 : Intolérance à l’histamine »
– « Histamine et intolerance à l’histamine »
– Passeport Santé : « Histamine : quels aliments choisir ou éviter ? »
– Super Keto : « Réactivité à l’histamine en régime cétogène »
– Embellir sa santé : « Sensibilité à l’histamine, qu’est-ce que c’est, quelles sont les causes et quelles solutions »
– Larousse
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