Le syndrome sec est souvent un des symptômes de nos maladies. Beaucoup d’entre nous en souffrons ou en avons souffert.
Parfois, certains malades, avant d’avoir un diagnostic d’histaminose, de SAMA ou de mastocytose, se voit attribuer un diagnostic unique de syndrome sec ou de syndrome de Gougerot-Sjögren.
Souvent à tort, car notre maladie initiale est la cause de ce syndrome sec, et non pas l’inverse.
Dans cet article, faisons le point sur ce symptôme particulier qui est l’une des conséquences de nos maladies.
Comment le comprendre ?
Quels sont les manifestations les plus gênantes ? Comment les soulager ?
Le syndrome sec, c’est quoi ?
Pour une fois, le nom est parlant…
Le syndrome sec est un ensemble de manifestations cliniques résultant d’une diminution des sécrétions de diverses muqueuses du corps.
Cela concerne surtout la bouche et les yeux mais d’autres organes peuvent être atteints (peau, bronches, vagin…).
En résumé, ces organes deviennent trop secs.
Sans en connaître exactement la prévalence, le syndrome sec est assez répandu dans la population en générale (et encore plus chez les personnes de plus de 60 ans). Et il l’est de plus en plus avec notre mode de vie moderne et les conditions extérieures qui le favorisent : climatisation, habitations surchauffées non humides, pollution…
On parle de syndrome sec quand les manifestations persistent dans le temps.
Symptômes
Le syndrome sec peut entraîner divers symptômes.
Citons par exemple :
– sécheresse de la bouche (appelée aussi « xérostomie ») : sensation de bouche sèche, soif accrue, langue collée au palais, lèvres sèches, langue fissurée, gêne à la déglutition.
– sécheresse des yeux (appelée aussi « xérophtalmie ») : diminution ou absence de larmes, sensation de sable dans les yeux, prurit, brûlure, rougeur conjonctivale, gêne importante à la lumière,
– sécheresse vaginale : démangeaisons, brûlures, douleurs au cours des rapports sexuels,
– sécheresse cutanée : peau sèche, démangeaisons, rougeurs,
– sécheresse des bronches : toux sèche persistante.
Pourquoi une confusion avec le syndrome de Gougerot-Sjögren ?
Le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS) se manifeste justement par un syndrome sec, touchant plus particulièrement les glandes salivaires et les glandes lacrymales.
Toutefois, à l’inverse du syndrome sec seul, le syndrome de Gougerot-Sjögren est une maladie auto-immune.
En plus d’un syndrome sec, le SGJ est aussi souvent associé à d’autres manifestations systémiques auto-immunes et de nombreux organes peuvent être atteints avec des symptômes supplémentaires comme :
– des douleurs articulaires et/ou musculaires,
– une fatigue et des troubles de concentration,
– des complications dues à la sécheresse (caries, aphtes, mycoses, kératites…),
– d’autres complications : gonflement de glandes situées sous les oreilles, syndrome de Raynaud, myosite (inflammation musculaire), syndrome dépressif, cystite interstitielle…
On parle de :
– SGS « primaire » ou « primitif » s’il n’est pas associé à une autre maladie auto-immune.
– SGS « associé » ou « secondaire » s’il est associé à une autre maladie auto-immune (polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux, sclérodermie, thyroïdite…).
Selon Orphanet, le syndrome de Gougerot-Sjögren est considéré comme une maladie rare touchant entre 0,1 à 0,5 personne sur 1.000.
Parmi les personnes atteintes de SGS, on trouve 90% de femmes avec une incidence maximale autour de 50 ans.
Nos maladies entraînant parfois les mêmes symptômes qu’un SGS, il est donc possible de faire une confusion de diagnostic et de passer à côté d’un SAMA ou d’une mastocytose, la maladie initiale.
Pour aller plus loin
Gougerot-Sjögren en 100 questionsCauses d’un syndrome sec
Dans nos cas, l’histaminose, le SAMA ou la mastocytose sont directement responsables de ce syndrome sec. Mais d’autres causes peuvent aussi s’ajouter.
Dans la population en générale (et qui s’applique aussi particulièrement à nous), la prise de médicaments est l’une des principales causes du syndrome sec.
A ce titre, plus de 400 médicaments ont été reconnus responsables de syndromes secs, notamment au niveau des glandes des yeux et de la bouche.
Voici quelques types de médicaments : atropine (antispasmodique), morphine, antidépresseurs, antiparkinsoniens, antihistaminiques, analgésiques, antidiarrhéiques, antiarythmiques cardiaques, neuroleptiques, diurétiques…
Le nombre de médicaments consommés quotidiennement est aussi directement proportionnel à la présence d’un syndrome sec. Il a été montré qu’à partir de 4 prises par jour, un syndrome sec est bien plus susceptible d’apparaître.
En causes supplémentaires, on peut aussi citer :
– autres maladies systémiques touchant plusieurs organes
– ménopause (chez près de 50% des femmes),
– stress, anxiété, dépression,
– virus, notamment l’hépatite C et le VIH,
– tabac et substances addictives,
– radiothérapie.
Les personnes âgées de plus de 65 ans présentent aussi en majorité un syndrome sec car l’avancée en âge induit une diminution de la glande lacrymale (= celle des yeux).
Quand un syndrome sec a été identifié, il convient de s’adresser en médecine interne pour en trouver la cause primaire, surtout si une autre maladie auto-immune est présente et encore non identifiée.
Diagnostic
Sécheresse oculaire
Généralement, l’une des premières « plaintes » évoquées concerne une sécheresse des yeux. C’est donc bien souvent en premier vers un ophtalmologue que se tourne le patient.
Les symptômes étant similaires à une conjonctivite, il est donc facile de rattacher faussement cette symptomatologie à une conjonctivite allergique ou virale.
Le traitement d’une conjonctivite, non adapté dans ce cas, entraînera alors une inflammation supplémentaire qui retardera encore le diagnostic de syndrome sec.
Le test de Schirmer est le test le plus commun pour mesurer le quantité de sécrétion lacrymale.
Pour cela, on insère une bandelette de papier buvard de 35mm de long dans le cul-de-sac conjonctival inférieur (le dessous de l’œil). Au bout de 5 min, on mesure la longueur de la bandelette imprégnée par les larmes.
D’autres examens pourront être proposés comme le break-up time ou BUT (évalue la qualité et la stabilité du film lacrymal sur la cornée), la prise de fluorescéine (colorant orange qui analyse la surface cornéenne) ou encore la prise de vert de lissamine (analyse la surface conjonctivale).
Sécheresse buccale
Certains tests peuvent être pratiqués pour mesurer le manque de salives.
Ces tests sont plus approximatifs que ceux pour les yeux, mais permettent tout de même de donner une indication.
Citons par exemple :
– le « test au sucre » : évaluation de la vitesse de fonte dans la bouche d’un morceau de sucre calibré.
– la sialométrie : mesure du débit de salive non stimulé et stimulé.
– l’analyse chimique de la salive.
– l’échographie et/ou la scintigraphie des glandes salivaires.
Autres types de sécheresses
L’examen clinique et les « plaintes » du patient permettent généralement au médecin de poser le diagnostic de syndrome sec à d’autres endroits que les yeux ou la bouche.
Syndrome de Gougerot-Sjögren
Plus spécifiquement, pour le syndrome de Gougerot-Sjögren et en plus des examens évoqués plus haut, le médecin procèdera à une prise de sang où les anticorps anti-SS-A ou anti-SS-B pourront s’avérer positifs (chez 50 à 80% des patients) ainsi qu’à une biopsie des glandes salivaires avec une mise en évidence d’une infiltration lymphoïde des glandes salivaires.
Traitements du syndrome sec
Le premier des traitements consiste à identifier la cause du syndrome sec, surtout s’il est la conséquence d’une autre maladie.
Car le traitement de cette maladie initiale pourra atténuer, voire faire disparaître, le syndrome sec.
En attendant et dans tous les cas, il convient de soulager le patient de ces symptômes.
Soulager la sécheresse oculaire
Les larmes artificielles sans conservateur ainsi que les gels et lubrifiants sont des moyens permettant d’humidifier la cornée. Le format unidoses est à privilégier (ex : Refresh®…).
Dans des cas plus importants, d’autres solutions peuvent aussi être envisagées : clous méatiques (bouchons lacrymaux maintenant à la surface de l’œil les larmes nécessaires à sa lubrification), immunosuppresseurs topiques (collyre à la ciclosporine), lunettes à chambre humide…
Dans le cas d’une sécheresse oculaire, les lentilles de contact sont à éviter.
Enfin, tout facteur externe d’irritation est à contrôler au mieux : fumée de tabac, climatisation, vent, écran d’ordinateur, humidification des pièces…
Soulager la sécheresse buccale
Diverses solutions peuvent être envisagée pour soulager la sécheresse buccale :
– spray ou gel humectant de salive artificielle (ex : Artisial®, Aequasyal®, Bio Xtra®…),
– médicaments pouvant augmenter la sécrétion salivaire (ex : bromhexine, anétholthritione).
De même que pour la sécheresse des yeux, des précautions sont à prendre dans ce cas : brossage très régulier des dents, bains de bouche, détartrage tous les 6 mois, mastiquer du chewing-gum sans sucre, boire de manière répétée en petite quantité…
Soulager les autres types de sécheresses
Pour la sécheresse vaginale : ovules, crèmes, gels lubrifiants.
Pour la sécheresse cutanée : crème hydratante, savon surgras.
Pour la sécheresse nasale : solution nasale au chlorure de sodium
Pour vous soutenir
Association Française du Gougerot Sjögren et des Syndromes Secs
A lire aussi dans le focus de certains symptômes…
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– Association Française du Gougerot Sjögren et des Syndromes Secs
– Formathon, Congrès de médecine générale
– Le Manuel MSD
– SFR, La rhumatologie pour tous
– Syndicat National des Ophtalmologistes de France, Espace encyclopédie
– Société Française d’Ophtalmologie
– Orphanet
– Ameli
– Académie de Médecine
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